Ca se passe en Europe : l’Italie cède son titre de premier producteur mondial de vin à la France
Pour cause de mauvaises vendanges, les plus décevantes depuis 1950, la production italienne de vins devrait retomber à 41 millions d’hectolitres, contre une estimation de 47 millions en France.
Voilà au moins un motif de consolation pour les vignerons français. Quatre ans après voir doublé la France en devenant le premier producteur mondial de vin en volume (sinon en valeur) en 2010, avec une production annuelle de 49,6 millions d’hectolitres, l’Italie va reperdre son leadership. Avec un recul prévisionnel de 15% liée aux intempéries, la récolte des vendanges devrait être la plus décevante depuis 1950, a déjà prévenu le centre d’études de l’association Assoenologi. Les pluies estivales particulièrement abondantes ont pénalisé plusieurs régions d’Italie. Particulièrement touché, le sud de la Péninsule, en premier lieu la Sicile, qui devrait perdre 30% de son volume, contre -10% à -15% dans le Nord et +5% à +10% dans le centre (Ombrie, Toscane, Marches…) Au total, la production italienne devrait s’établir à 41 millions d’hectolitres, soit une baisse de 15% par rapport à 2013. En moyenne, les prix des vins français restent près de deux fois supérieurs à ceux des vins italiens (7,8 milliards d’euros contre 4,7 milliards en 2012). Selon les premières estimations de Coldiretti, au cours du premier semestre, la consommation de vins italiens est restée stable (-0,1 %) sur fond de recul général de la consommation alimentaire et de début de déflation. En revanche, les exportations ont augmenté de 3 % sur quatre mois et devrait permettre de maintenir le record de 5 milliards d’euros atteint en 2013.
L’industrie européenne en berne
Manuel Valls en a marre du « french-bashing ». Alors mieux vaut qu’il ne lise pas le dernier rapport pondu jeudi par la Commission (et disponible ici ) sur la compétitivité industrielle des Etats européens, qui classe la France dans le groupe des pays avec des atouts forts, mais en stagnation ou en déclin. Le Premier ministre pourra toutefois se consoler en se disant que plus que du « french-bashing », c’est surtout de « l’euro-bashing » qui transpire de ce rapport. C’est en effet toute l’Europe – si on excepte l’Allemagne, mais aussi les Pays-Bas, le Danemark et l’Irlande – qui connaît une dégradation de la situation de son industrie : celle ci ne représentait plus en 2013 que 15,1 % de la valeur ajoutée brute de l’UE, contre 15,8 % en 2008. Autant dire que l’objectif des 20 % à l’horizon 2020 semble désormais relever de la douce utopie. En France, on est même passé de 11 % à 10,25 % sur la période. Cette dégradation de l’activité manufacturière en Europe a en tout cas eu un coût social important, puisque le secteur a perdu 3,5 millions d’emplois depuis 2008. « Les ravages de la crise », indique la Commission, soulignant la contraction des marges des entreprises et des investissements en baisse pour s’adapter à une demande et à une offre de crédits réduites. En France, le secteur a aussi subi « l’augmentation des coûts salariaux qui a miné la rentabilité », selon les experts de l’exécutif européen. Comment sortir de la nasse ? La Commission appelle à traiter les problèmes qui se posent à la majeure partie des pays du Vieux-Continent. D’abord investir d’avantage avec notamment des crédits facilement accessibles. Surtout les experts européens appellent à traiter rapidement la question énergétique, soulevée depuis plusieurs mois maintenant par de nombreux groupes européens. La hausse des prix de l’électricité et du gaz a été forte dans l’UE depuis plusieurs années, notamment par rapport aux Etats-Unis qui ont bénéficié de la révolution du gaz de schiste. Cette priorité a été identifiée par Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission, qui a spécifiquement créé un Commissaire chargé de mettre en place une Union énergétique à l’échelle de l’europe.
L’Allemagne bientôt paralysée par des grèves de trains ?
La situation sociale se tend dans le rail allemand. La nouvelle grève qui menace, plus dure car elle se déroulerait en semaine, aurait un tout autre impact que le précédent avertissement déclenché un samedi au début du mois de septembre. Seraient immédiatement lésés les millions de « Pendler », ceux qui font tous les jours la navette entre leur domicile et leur lieu de travail. Le syndicat GDL revendique à la fois une réduction du temps de travail hebdomadaire de deux heures, pour la ramener à 37 heures, et une hausse de 5% des salaires. Le conflit avec la direction se double d’une bataille d’influence avec un autre syndicat concurrent (EVG), qui regroupe plusieurs catégories d’employés. Les deux organisations se disputent le droit de mener les négociations d’entreprises avec la direction. Deutsche Bahn a lancé hier un communiqué sec à l’adresse du syndicat GDL, pour affirmer que les grèves ne « sont pas une solution », tout en se disant « prête à tout moment » à revenir à la table des négociations. Mais cette perspective semble lointaine, et cela fait tâche dans un pays connu pour la qualité de son dialogue social.
Pierre de Gasquet / Correspondant à Rome, Renaud Honoré / Correspondant à Bruxelles et Jean-Philippe Lacour / Correspondant à Francfort |
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