Edit’optimiste de novembre, par Malene Rydahl

Alors, heureuse comme une Danoise ?

Telle est la question que l’on me pose très souvent depuis la publication de mon livre «  Heureux comme un Danois »[1] qui explique les dix raisons pour lesquelles les Danois expriment être les gens les plus heureux au monde.

C’est vrai au fond, qu’ont-ils de plus, ces Danois, pour se sentir si bien dans leur vie ?

Quelque chose finalement d’assez simple … mais rare : ils vivent dans une société de confiance. Entre eux, les citoyens se font confiance à 78%. Et lorsqu’il s’agit de faire confiance aux institutions ou au gouvernement, le taux grimpe à 84%, contre 25% en moyenne européenne et 22% en France. Pouvoir se dire «  Je fais confiance » est une base très importante pour une société harmonieuse. C’est aussi une attitude positive et une vision optimiste qui en elle-même aide à avancer dans la vie avec une certaine sérénité.

Autre point clé : les Danois ont un système scolaire qui donne la priorité au développement de la personnalité et du potentiel individuel de chaque enfant. Au Danemark, l’important, c’est que chacun trouve sa place dans la société. Il n’y a pas d’élites qui brillent et qui servent de référence pour le reste de la population. La mobilité sociale est une réalité, comme la liberté de pouvoir choisir sa propre vie.

Cela ne veut bien évidemment pas dire que tout est facile au Danemark. Mais les Danois se sentent individuellement responsables de leur vie, et surtout du projet commun : c’est la responsabilité de tous que de maintenir un système social, l’Etat-Providence, qui protège et qui donne sa chance a tout le monde. Voilà qui explique un grand mystère aux yeux des non-Danois – le fait que chez nous, 7 personnes sur 10 aiment payer leurs impôts alors que la pression fiscale est la plus élevée au monde !

Etre né au Danemark est certes une chance, mais attention : ce n’est pas un pays qui peut rendre une personne heureuse. Le bonheur, le vrai, repose sur chaque individu et son intériorité. Une société peut uniquement nous donner les meilleures chances pour consolider une base saine, sur laquelle construire ensuite notre propre bonheur.

Et si le pays où l’on vit ne nous donne pas forcément toutes ces chances sur un plateau comme au Danemark, on peut tenter de les chercher en soi et de les cultiver dans sa vie. Créer une société de confiance, par exemple, peut commencer simplement par soi-même. La même chose vaut pour l’égalité des chances : nous avons tous les jours le choix d’y participer, en donnant, à notre mesure, sa chance à quelqu’un. En attendant que la solution vienne « d’au-dessus », décideurs publics ou privés, chaque geste individuel peut changer le destin d’une personne. Ainsi pour le respect de l’autre, c’est un choix personnel. Quel que soit le pays dans lequel nous vivons (sauf bien sûr dans certains cas, tragiques, de régimes qui oppriment à l’extrême les libertés individuelles), nous sommes libres de choisir comment on se comporte face aux autres. Que notre système social soit structuré ou non pour la redistribution, nous sommes tous libres de partager à notre manière à nous.

Etre optimiste, c’est peut-être tout simplement se dire que nous avons le choix. Le fait d’y croire, croire que l’on peut changer les choses, que l’on va y arriver quelle que soit l’épreuve à laquelle on fait face.

Tout en gardant l’ambition de donner un sens à notre vie, la « vie à la danoise » révèle aussi qu’avoir des attentes réalistes nous aide à vivre mieux. Walt Disney qui a créé tout un univers basé sur le rêve disait : « J’aime toujours voir le côté optimiste dans la vie, mais je suis suffisamment réaliste pour savoir que la vie est une affaire très complexe ».

Alors, heureuse comme une Danoise ? La réponse, c’est oui, heureuse comme une Danoise qui a la grande chance de vivre dans un pays merveilleux, avec un potentiel extraordinaire de bonheur. Et ce pays s’appelle la France 🙂

[1] Heureux comme un Danois, Malene Rydahl, Grasset, 2014.