Jacques ATTALI, Peut-on prévoir l’avenir, Fayard août 2015
Que vais-je devenir ? Serai-je heureux en amour ? Dans mon travail ? Quand et comment vais-je mourir ? Que réserve l’avenir à ceux que j’aime ? À mon pays ? À l’humanité ? À la planète ?
À toutes ces questions, les hommes ont longtemps cherché – et cherchent encore – les réponses dans des techniques à l’efficacité incertaine – les astres, les cartes, les lignes de la main, le hasard… Aujourd’hui, dans un monde de plus en plus interdépendant, des machines ultra-performantes semblent à la veille d’être vraiment capables de prédire notre destin. En anticipant nos comportements dans bien des domaines, elles menacent d’instaurer une dictature de la prédiction, au profit de quelques puissances. Car le savoir sur l’avenir a toujours été un instrument de pouvoir.
Pour ma part, je ne veux pas croire que notre liberté sera ainsi définitivement perdue. Il me paraît au contraire possible de prévoir son propre avenir. Non pour s’y soumettre, mais pour décider du cours de sa vie. Pour être à l’avant-garde de soi même.