Les énergies bleues, l’atout insoupçonné de la France
Les énergies marines renouvelables sont encore peu exploitées alors que l’Hexagone dispose d’importantes ressources en la matière. Leur coût élevé reste un désavantage.
A l’occasion du salon Euromaritime 2015 qui se tient du 3 au 6 février au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, l’Hexagone affiche ses atouts en termes d’énergies marines renouvelables.
Le littoral français s’étend, en effet, sur environ 8.000km de côtes. La France dispose donc d’importantes ressources pour développer ces technologies.
Les énergies bleues made in France
Dans le cadre de la transition énergétique française, le gouvernement veut aller plus loin en accélérant le déploiement de ces énergies marines renouvelables et produire ainsi 6.000 MW (mégawatt) d’électricité d’ici à 2020.
La « France a la deuxième zone maritime au monde avec ses 11 millions de km² (de superficie, ndlr) » en incluant l’Outre-mer, déclare Marc Lafosse, océanographe et spécialiste des énergies marines renouvelables. L’Hexagone possède des zones à fort potentiel, particulièrement dans le Nord-ouest de la métropole. Cet atout géographique lui permet d’avoir un « bon positionnement » dans le développement des énergies marines renouvelables, considère le spécialiste.
Ces régions qui se situent en mer ouverte sont soumises aux houles de tempêtes. La Bretagne, avec ses 2.730 km de côtes, bénéficie ainsi de ressources naturelles exceptionnelles qui lui permettent d’être une zone stratégique pour le développement des énergies bleues.
L’hydrolienne: une énergie d’avenir ?
Parmi ces énergies bleues, le développement des hydroliennes doit aider le gouvernement à atteindre la part de 23% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique, un objectif que le gouvernement s’est fixé pour 2020. Comme les éoliennes pour le vent, les hydroliennes exploitent l’énergie des courants marins, des fleuves et des estuaires. Ces courants sont particulièrement forts, inépuisables et plus prévisibles que le vent.
Or, la France dispose du deuxième gisement énergétique hydrolien en Europe. Ce gisement, estimé à 3 GW (gigawatt) représente une capacité de production supérieur à celle de deux réacteurs nucléaires de type EPR. C’est toutefois le Royaume-Uni qui reste en pointe sur l’hydrolien, avec gisement dont la capacité est estimée entre 5 et 6 GW.
Quels impacts sur les milieux naturels ?
Par ailleurs, les conséquences environnementales sur la faune et la flore sous-marines sont « extrêmement faibles voire inexistants, hors marémoteur » affirme Marc Lafosse. Pourtant l’industrialisation de la mer inquiète les défenseurs de l’environnement.
Possible motif de leurs craintes, selon Marc Lafosse: les ondes générées par les projet d’énergies marines renouvelables. Ces ondes s’étendent inévitablement au-delà du périmètre délimité à une distance dépendant de la fréquence et de l’intensité sonore à la source. Ce qui peut engendrer des lésions auditives et visuelles aux mammifères.
Enjeux économiques
Reste un autre désavantage pour les énergies marines: leur prix.Le coût de l’électricité issue de l’énergie hydrolienne est estimé entre » 250 et 320 € du MW/h produit », selon Marc Lafosse. De plus, les coûts expérimentaux sont importants. Et les réseaux électriques ne sont pas toujours adaptés à l’acheminement d’énergie marine qui peut prendre une dizaine d’années.
Pourtant, le marché des énergies marines renouvelable aurait « une place majeure si cette énergie était combinée à un potentiel industriel et d’emplois », considère Marc Lafosse.